dimanche 21 octobre 2007
ANNEXE : Cambodge et USA
CAMBODGE ET USA
I.- Nous devons nous souvenir:
"... en 1973, lorsque les accords de Paris empêchèrent les Américains d'abord de bombarder le Viêt-nam, puis le Laos, la totalité de la 7ième force aérienne revient au Cambodge. Toutes ces manoeuvres relevaient plus d'exigences politiques ou organisationnelles à Washington et au Viêt-nam du Sud que les besoins militaires du gouvernement Lon Nol. Jusqu'en août 1793, date à laquelle le Congrès arrêta totalement les bombardements, des centaines de milliers de bombes, lâchées par les armées de l'air américaines, sud-viêtnamienne ou cambodgienne, dégringolent, sans faire l'objet d'aucun rapport ni d'aucun contrôle, sur des régions occupées d'abord par les nord-viêtnamiens, puis par les Khmers rouges.
"... On pourrait avancer que cette utilisation de puissance aérienne constitue un cas évident de violation de la Loi internationale. L'article 6.b. des statuts du Tribunal Militaire International, instituée après la Seconde Guerre mondiale, définit les "crimes de guerre" comme des violations de la Loi ou des coutumes de guerre." (page 222)
"... La Maison Blanche ne tint aucun compte de l'Accord qu'elle avait passé avec le Congrès, qui stipulait que les bombardements ne devaient pas s'intensifier pendant les derniers quarante-cinq jours de la guerre. En juin 5064 sorties tactiques furent effectuées au-dessus du Cambodge. Ce chiffre passa de 5,818 pour le mois de juillet, et à 3,072 pour la première quinzaine d'août. Pendant ces derniers quarante-cinq jours, les bombardements tactiques augmentèrent de 21%. Le bombardement des B52 s'intensifia également, alors qu'ils étaient déjà utilisés à peu près à plein rendement. Le 15 août, lorsque les derniers avions américains lâchèrent leurs chargements, le tonnage total de bombe tombé sur le Cambodge depuis l'opération Petit-Déjeuner s'élevait à 539,129, dont presque la moitié, soit 257,465 tonnes, au cours des six derniers mois (pendant la Seconde Guerre mondiale, 160,000 tonnes furent lâchées sur le Japon.) Les cartes de l'armée de l'air sont couvertes de taches noires représentant les milliers de kilomètres carrés de régions fertiles et à forte densité de population noyés.
Les effets immédiats et les effets durables de ces bombardements massifs et concentrés ne seront probablement jamais connus avec précision.
Les estimations vont de 500 000 à 800 000 Cambodgiens morts durant la guerre de 1970-1975. Combien par ces bombardement sauvages? [1].
II.- Après 5 mois de bombardements intensifs sur le Cambodge sans résultat, et obligé par le Congrès américain de les arrêter le 15 août 1973 au plus tard, le Président des États-Unis d'Amérique était au comble de son impatience comme l'a noté William Shawcross (Une tragédie sans importance, page 220, en note): "Nixon eut un accrochage très sérieux avec le Pentagone au sujet de la quantité de B52 supplémentaires à envoyer en Indochine, à cette époque-là. Robert Seamans, ministre de l'armée de l'air, décrivit la dispute dans l'entretien, destiné aux "Archives secrètes parlées", qu'il raconta après avoir démissionné de son poste. "Le président voulait envoyer une centaine de B52 supplémentaires: c'était invraisemblable; on ne savait même pas où on allait les mettre, vous comprenez. Comment allait-on les répartir, et sur quelles bases? Et il fallait les installer dans un endroit comme l'aéroport international de Bangkok. Et les Thaïs avaient beau être extrêmement coopératifs, ils n'avaient pas du tout envie d'avoir sous leur nez une pareille quantité de B52. Ils finirent par accepter quelques avions-ravitailleurs de plus, mais pas beaucoup. M. Rush et l'amiral Moorer allèrent alors trouver Kissinger pour lui expliquer pour quelles raisons on ne pouvait pas dépasser un certain nombre d'avions supplémentaires, et leurs raisons furent rejetées. Je crois que c'était au moment où le président allait à Moscou[2]... En tout cas, on lui fit parvenir un message dans l'avion, comme quoi il ne pouvait pas envoyer ces B52 là-bas. D'après ce que j'ai cru comprendre, la réponse qu'il donna à son atterrissage était vraiment incendiaire. Il déclara qu'il voulait qu'on lui expédie tous ces B52 là où il avait dit... Le total n'atteignit pas tout à fait la centaine, mais il y en eut quand même une bonne quantité..."
[1]Extrait du livre "Tragédie sans importance" de William Shawcross, Édition Balland 1979. opt. cité pp. 295-296.
[2]C'était le 6 juin 1973.
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